La sarriette était déjà connue dans l’antiquité et fut cultivée au Moyen-Âge, comme plante médicinale, dans les monastères et les jardins de Charlemagne. Connue depuis le début de notre ère, elle a traversé les civilisations avec la réputation d’être aphrodisiaque et de pouvoir réguler les ardeurs. Peut-être est-ce dû avant tout à son étymologie latine “satureja”, qui signifie herbe à satyre (une créature mythologique mi-homme, mi-bouc).
Les Romains et les Grecs l’appréciaient aussi énormément car elle était, bien avant l’arrivée du poivre et du piment, un des condiments les plus relevés en cuisine. Les Provençaux, dans la cuisine desquels elle est devenue indispensable, la nomme d’ailleurs “poivre d’âne”. Peu à peu, on lui a également découvert des propriétés digestives ainsi que stimulante et calmante. Elle était alors aussi populaire en cuisine qu’en pharmacie.
La sarriette est particulièrement à son aise sur des sols légers et calcaires et aime le soleil. Pour la cultiver, c’est en avril et en mai que les semis doivent être plantés. On en distingue deux espèces qui sont relativement différentes :
- la sarriette des jardins ou d’été – (Satureja hortensis): une plante herbacée annuelle. Ses tiges poilues portent des feuilles longues et étroites, de couleur vert vif. L’été, des fleurs blanches à rose pâle apparaissent. Cette variété possède un goût délicat et assez doux. Membre de la grande famille des lamiacées (labiées), la sarriette annuelle (Saturejahortensis), forme un petit buisson dont la taille peut atteindre 30-40cm. Les feuilles sont linéaires- oblancéolées (en forme de fer de lance et plus large côté apex que côté pétiole), jusqu’à 3cm de longueur. L’odeur de la plante est forte mais agréable, très camphrée et rappelle de loin celle de la menthe. Originaire du sud de l’Europe, cette plante rustique préfère un sol léger et bien drainé. Plante de culture facile et de croissance rapide.
- la sarriette des montagnes ou d’hiver -(Satureja montana) : une plante vivace, semi persistante. La base de ses tiges ligneuses forme un petit buisson compact de feuillage vert sombre. Ses fleurs, situées uniquement à l’extrémité des branches, sont mauves. Elle est dotée d’un arôme puissant et piquant. Récolte et conservation : cueillir les tiges au besoin. Récolter la sarriette en pleine floraison. La plante se conserve bien séchée. On utilise les feuilles et les fleurs (fraîches et séchées).
La sarriette d’été fait partie du mélange des Herbes de Provence. Même si elle est surtout utilisée en cuisine, elle a aussi des propriétés médicinales : elle est stimulante, tonique, antiseptique général, vermifuge, carminative, antispasmodique et aphrodisiaque; aide à la digestion; augmente la transpiration ainsi que stimule l’utérus et le système nerveux.
La sarriette d’été est l’herbe aromatique par excellence des Acadiens, peuple francophone vivant en Acadie. L’Acadie d’autrefois, avant la déportation de 1755, était géographiquement identifiée comme les provinces maritimes du Canada d’aujourd’hui : l’Île du Prince Édouard, la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick. Le peuple acadien déporté et dispersé, est aujourd’hui vivant dans plusieurs pays du monde. La définition la plus couramment acceptée de l’Acadie est celle d’une région nord-américaine comptant environ 500 000 habitants. Aujourd’hui, l’Acadie est aussi définie comme « dans le cœur » (soit un sentiment d’appartenance à un groupe, descendants des Acadiens). La variété de sarriette d’été Ancienne d’Acadie, que les Acadiens ont adapté au sol et au climat de l’extrême est canadien, est plus résistante que la variété commune « moderne »; son port est également distinct, plus court et plus trapu. Elle est moins productive (produit moins de feuilles) mais a une saveur très prononcée.
La sarriette est essentielle à la cuisine acadienne :
- dans le fricot acadien (au choix : à la poule, au poulet, à la dinde, au lièvre,…)
- dans la farce aux patates (servie avec poulet ou dinde rôti)
- dans les pâtés (tartes) à la viande
- dans les soupes
- dans le mélange Herbes de Provence
- dans la soupe à la « baillarge » (orge), et aux « cosses » (haricots)
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